Déclaration de Mauritanian Network relative au discours de Biram sur l’apartheid en Mauritanie

سبت, 07/03/2020 - 11:35

Le 18 Février dernier le député mauritanien et activiste des droits de l’homme Biram Dah Abeid

recevait à Genève le “Prix du Courage” décerné par le ” Sommet pour les droits de l’Homme et la démocratie”. Une distinction honorifique qui vient s’ajouter à la longue liste de reconnaissances ces dernières années de part le monde.

Dans son allocution le jour de la cérémonie et lors des interviews qui ont suivi le lauréat du prix des droits de l’homme des Nations Unies de 2013 dénonçait les injustices  en Mauritanie dont il a qualifié le mode de gouvernance “d’apartheid implanté en Afrique de l’Ouest”. Il n’en fallait pas plus pour amener le président de l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme à tenir une conference de presse pour d’abord démentir Mr Abeid, et ensuite condamner ses propos. Me Bouhoubeïni a également invité les ONG présentes lors de la cérémonie à se rendre en Mauritanie pour constater les avancées faites en matière des droits de l’homme.

Mauritanian Network for Human Rights rappelle à l’opinion que:

1-La Mauritanie qui fût la dernière nation à abolir l’esclavage reste encore le pays avec le taux de prévalence le plus élevé en matière d’esclavage

2-En 1989 l’état Mauritanien a procédé à l’expulsion de plus cent milles de ses ressortissants noirs vers le Sénégal et le Mali dans la foulé d’une tentative macabre de changement de sa démographie

3-Les exécutions extrajudiciaires ayant une ciblé une des composantes nationales du pays entre 1986 et 1991 restent impunies empêchées en cela par un manque de volonté politique de la part des autorités.

4-Les libertés d’association et d’expression bien que garanties par la constitution sont restreintes pour une grande frange de la population noire du pays. Les partis RAG et FPC ainsi que l’association de defense des droits de l’homme IRA ne sont toujours pas reconnus ; les médias publiques et privées restent encore fermées aux communautés non-arabophones

4-Les nominations hebdomadaires des conseils de ministres répondent plus à une logique de distributions de portefeuille à un conglomérat de tribus qu’à une mission régalienne de satisfaire une demande de justice sociale.

5-La quasi totalité des postes de commandement dans les différents corps d’armée et de l’administration territoriale restent exclusivement entre les mains d’une seule communauté

6-Une grande partie des negros-mauritaniens n’arrivent toujours pas à se faire recenser et obtenir leurs pièces d’état civil depuis la mise en place du recensement biométrique

7-Tous les secteurs de l’économie nationale restent entièrement contrôlés par une seule communauté dans un pays qui devrait être un trait d’union entre l’Afrique noire et le Maghreb

A cette liste non exhaustive vient s’ajouter le manque d’ouverture des nouvelles autorités qui devraient plutôt s’atteler à créer un cadre propice pour l’amorce d’un dialogue franc sur les questions de fond qui minent la cohésion nationale.

Par la présente déclaration, Mauritanian Network for Human Rights réitère son engagement aux côtés de toutes les victimes de l’injustice et de l’arbitraire en Mauritanie. MNHRUS appelle également les nouvelles autorités à rompre immédiatement avec les pratiques des régimes précédents en oeuvrant pour la mise en place de conditions propices pour la tenue d’un débat national sur les questions de l’heure.

Mauritanian Network for Human Rights in US (MNHRUS)
La Communication

Senalioune